Programme : Droits humains

Expansion du terrorisme (Mali, Niger, Nigéria, Burkina Faso), et sa contrepartie (répression et prévention de l’insécurité ; progression dans les opinions d’un fondamentalisme religieux excluant et intolérant (dans la plupart des pays du Sahel) ; conflits encore mal résolus (Côte d’Ivoire, Guinée, etc.) ; dynamiques – récentes ou plus anciennes – à l’œuvre dans la région ouest-africaine, entrainent déjà des violations graves des droits humains, et en multiplient les risques.

 

Invocation de la sécurité publique, ou de valeurs prétendument traditionnelles, défaillances sinon faillite de certains Etats à maintenir un état de droit. Certains groupes sociaux sont particulièrement victimes de ces violations. En particulier :

  • Les LGBT : les victimes morales légales du regain du conservatisme, et boucs émissaires dans certaines crises politiques ou socio-économiques. Ils restent d’autant plus sans voix que les médias relaient les préjugés dominants, au mépris de leur éthique professionnelle.
  • Les jeunes : groupe social majoritaire (plus de 60%  la population) et pourtant marginalisés. La consolidation du « népotisme » non seulement dans les institutions étatiques, mais même souvent aussi au sein des organisations de la société civile, les privent de tout pouvoir de décision, mais aussi d’un véritable pouvoir d’expression dans la sphère publique, y compris dans les médias.
  • Les minorités ethniques et religieuses : elles sont les premières victimes en cas de conflits. Sans que justice ne leur soit réellement rendue par les mécanismes de « justice transitionnelle ». Elles sont souvent exposées, au mieux, à des discriminations rampantes, au pire à la vindicte populaire en cas de conflit politique ou de tensions sociales (Guinée, Togo, Niger).
  • Les communautés locales, dont les droits sur leurs terrains, se trouvent légalement déniés par la globalisation de l’accaparement des terres qui affecte de vastes zones des pays ouest-africains.

 

« L’IPAO s’engage en faveur de l’universalité des droits humains, de leur indivisibilité, ainsi que de leur application à certaines minorités ».

 

Pour ce faire, il s’emploie à :

  • Appuyer la production dans les médias mainstream et locaux, d’une information médiatique éthique qui contribue à dénoncer les préjugés et à amplifier les voix des groupes déniés de leur droit.
  • Renforcer les capacités de communication des défenseurs des droits de ces groupes, et des organisations qui les représentent.
  • Faciliter l’inclusion de ces groupes dans le débat public et l’organisation de dialogues inter-communautaires.

PROJET EN COURS

« Des voies et des voix contre l’homophobie au Cameroun, Sénégal et Côte d’Ivoire »

La question de l’homosexualité reste encore un tabou dans plusieurs pays africains, notamment en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal, allant souvent jusqu’au déni du fait homosexuel. Les opinions publiques considèrent l’homosexualité comme un choix volontaire qui reflète une perversion sexuelle et qui est motivée par des calculs économiques. Cette homophobie davantage croissante et largement partagée justifie les violences multiples dont sont victimes les personnes LGBTI : arrestations arbitraires par les forces de l’ordre, exclusions scolaires, refus de soins, expulsion de domicile, licenciements abusifs etc. Les institutions nationales de défense des droits de l’homme et les organisations de la société civile de promotion et de protection de droits de l’homme restent silencieuses face à tels abus, légitimant ainsi les outrances que vivent les membres de la communauté LGBTI. Si en Côte d’Ivoire la pénalisation de l’homosexualité reste implicite dans le Code Pénal, au Cameroun et au Sénégal par contre, le Code pénal sanctionne le délit d’homosexualité par une peine allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement ferme. Au Cameroun, 35 personnes ont été arrêtées en 2017 pour homosexualité. Un jeune garçon de 24 ans risque depuis 2016 jusqu’à 5 ans de prisons ferme pour avoir échangé des messages avec un autre homme à travers son téléphone portable. Au Sénégal, jusqu’à15 personnes ont été jugées et condamnées pour homosexualité. En 2015 seulement, 27 personnes ont été victimes de violences physiques et verbales, et 14 autres personnes se sont vu refuser les soins dans les centres de prise en charge des personnes vivant avec le VIH. En Côte d’Ivoire, où le climat semblait paisible pour les homosexuels, le tribunal de première instance de Sassandra a prononcé pour la première fois en novembre 2016, une condamnation pénale de deux jeunes pour homosexualité. 

 

Devant cette montée croissante de l’homophobie, les médias constituent un facteur amplificateur. Le sujet n’est pas toujours posé sous l’angle de l’explication, voire de la clarification. Le débat a du mal à se poser en dehors des passions. Les expressions et les mots employés par les journalistes traduisent les condamnations, l’exclusion, voire les appels à la violence et à l’éradication sociale qui nourrissent les sentiments collectifs manifestés par les populations. C’est le procès des LGBTI qui est ainsi instruit, sans que ni eux, ni ceux qui défendent leurs droits, aient la possibilité de se défendre. Malheureusement, ceux-ci ne disposent pas de capacités techniques et d’outils de communication nécessaires qui leur permettent de créer et diffuser des contenus multimédias pertinents et de bonne qualité, pour riposter ou apporter une réponse efficace aux offenses véhiculés par des journalistes.

C’est pourquoi l’IPAO a développé, en collaboration avec certains partenaires locaux engagés faveur des droits des LGBTI, un projet qui permettra de faire reculer « les discours de la haine », les préjugés dans lesquels s’enracinent l’homophobie, afin d’améliorer la tolérance à l’égard des homosexuels et la reconnaissance de leurs droits en tant que personnes humaines.

 

Le projet intitulé « Des voix et des voies contre l’homophobie » est un projet financé par l’Union Européenne, sur une période de 3 ans (2015-2017). Il est mis en œuvre au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, en partenariat avec des organisations locales de défense des droits de l’homme telles REPMASCI ; ADHEFO ; ACI-Baobab ; Alternative Côte d’Ivoire ; Alternatives Cameroun, afin d’ « accroitre la pertinence, l’efficacité et l’influence de l’information et de la communication des défenseurs des droits des homosexuels dans la promotion de ces droits et dans le recul des préjugés à leur encontre ».

 

Objectifs :

  • Renforcer les capacités des organisations de défense des droits de l’homme à communiquer : en leur sein, entre elles, et avec les autres communautés
  • Assurer la diffusion multimédia de contenus éthiques et documentés propres à ébranler les préjugés contre les homosexuels.
  • Sensibiliser les journalistes à une perception dépassionnée et pour une couverture médiatique plus éthique et professionnelle de l’homosexualité.
  • Ateliers de renforcement des capacités des ODDH des LGBTI à utiliser les médias sociaux.
  • Ateliers de sensibilisation pour les journalistes.
  • Appuis pédagogiques et financiers à la production de contenus médiatiques.
  • Ressources documentaires sur les DH des LGBTI (briefings pour les journalistes, et les OSC).
  • Appui aux organisations pour la production d’alertes et de situations.
  • Echanges d’expériences à travers des visites et la participation à des conférences.
  • Appui institutionnel aux organisations partenaires.
  • R1.1 : Les ODLGBTI ont une meilleure maitrise des outils de communication ; pour s’adresser au public et le rendre plus critique à l’égard de ces préjugés.
  • R1.2 : Les ODLGBTI sont en mesure de produire leurs propres contenus et de favoriser l’expression des LGBTI.
  • R1.3 – R1.4 : Les OLGBTI identifient et expérimentent, dans un environnement culturel hostile, des actions de sensibilisation et de communication socialement pertinentes. – Elles collaborent mieux entre elles et défendent mieux les intérêts de leurs cibles homosexuels auprès des institutions régionales des droits de l’homme.
  • R2.1 : Des moyens de diffusion alternatifs et plus sécurisés permettent la circulation et le partage d’une information plus ouverte aux droits des LGBTI.
  • R2.2 : Les LGBTI disposent d’outils et supports diversifiés pour sensibiliser, informer et mobiliser le public et les institutions régionales de défense des droits humains.
  • R3.1 : Les journalistes sont sensibilisés à un traitement plus responsable de l’homosexualité et des questions LGBTI.
  • R3.2 : Les journalistes sont mieux informés sur l’homosexualité; ils disposent de capacités accrues pour produire une information équilibrée et documentée.
  • R3.3 : Des bonnes pratiques et expériences pour mieux informer sur les LGBTI sont diffusées et échangées entre les membres du réseau de journalistes.

PROJETS RECENTS


Contributing to peace-making and intercommunity dialogue in Mali through bridging a content divide between the North and South, and by building capacity of journalists in conflict sensitive journalism & ethical content production and –sharing
Période : Mars-Oct 2013
Bailleur : [Union Européénne ]

Acteurs culturels, acteurs médiatiques en Afrique : moteur !
Période : Mars 2017 – Fév 2017
Bailleur : [Union Européénne ]

Briser le silence, lever les tabous : mieux informer sur les violences basées sur le genre
Période : Nov 2013 – Fév 2017
Bailleur : [Union Européénne ]

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